Préface

L’enseignement moral et civique (EMC) présente un certain nombre de spécificités qu’il faut souligner tant elles ont été prises en compte pour l’élaboration de ce manuel :

• L’EMC n’est l’apanage d’aucune discipline mais se trouve au croisement, d’une part, de disciplines traditionnelles comme le français, l’histoire-géographie, les langues ou la philosophie, et, d’autre part, de ce qu’il est convenu d’appeler les « éducations à », comme l’éducation aux médias et à l’information (EMI) ou l’éducation au développement durable (EDD).
• L’enseignement moral et civique hérite des disciplines l’exigence de délivrer des savoirs attestés, mais il participe également d’une pédagogie des compétences, en s’inspirant par exemple du cadre européen pour le développement d’une culture de démocratie. Ainsi il s’agit d’inculquer aux élèves, non seulement des connaissances, mais aussi des valeurs, des aptitudes ou des attitudes, afin de les armer du bagage nécessaire au développement de leur esprit critique et de les amener à vivre ensemble dans un objectif de cohésion sociale.
  
• L’EMC est spiralaire, et c’est pour cela que de mêmes thématiques reviennent et sont approfondies de l’école primaire à la terminale, avec de plus en plus de complexité. Si les élèves arrivent en seconde avec des connaissances naturellement très hétérogènes, en fonction notamment de leur histoire personnelle et de leur scolarité, l’EMC leur apporte un socle commun de savoirs et de savoir-faire visant à les armer pour l’exercice de leur citoyenneté.
• Il ne s’agit pas, dans l’horaire prévu à chaque niveau, de couvrir tous les aspects du programme, le professeur conservant totalement sa liberté pédagogique en procédant à des choix qui lui sont dictés par le profil de ses élèves, leurs connaissances déjà acquises, la nécessité de remettre en perspective tel ou tel sujet d’actualité qui les intéresse ou qui lui semble prioritaire.

Le manuel que vous avez sous les yeux répond à toutes ces nécessités : le contenu proposé a été pensé de manière systémique pour les trois niveaux du lycée.

L’organisation de chaque chapitre est toujours articulée de la même façon dans un souci de clarté, de compréhension et de progressivité, en totale conformité avec les programmes. À partir de son titre, une « perle » présente un premier éclairage intitulé « De quoi est-il question ? ». Puis l’élève est amené à vérifier les connaissances qu’il a acquises antérieurement. Ensuite, plusieurs « perles » présentent des définitions reposant sur une approche historique, juridique ou philosophique. Des exemples suivent dans une partie intitulée « Démarches et situations » reposant souvent sur des documents (archives, tableaux, graphiques…). À partir de là sont proposées des études de cas, sous l’intitulé « À l’épreuve du réel », qui préparent à des questionnements à la fois plus approfondis et tout à fait ouverts, c’est-à-dire à des sujets de débat qui vont permettre aux élèves de confronter leurs idées dans le cadre d’un échange réglé, d’une discussion argumentée ou d’un dilemme moral.

Le parti pris est très clair : dès la seconde, il s’agit de développer la réflexion et l'esprit critique grâce à la fois à une réflexion précise et approfondie, parfois même philosophique, et au renvoi permanent à ce que sont l’État de droit, ses fondements juridiques, son évolution historique et, en somme, la démocratie.

Surtout, le manuel ne fait l’impasse sur aucune des « questions vives » qui pourraient amener le professeur à faire discuter ses élèves au moment considéré comme opportun. Il contribue à mettre l’immédiateté à distance, par la réflexion, sans se soustraire aux questions légitimes que les élèves se posent pour construire leur esprit critique.

Les documents dans la section « Démarches et situations », particulièrement stimulants, peuvent être facilement utilisés par le professeur pour mettre les élèves en situation d’évaluation. De même, les entrées dans les questions de société que ménage « À l’épreuve du réel » sont particulièrement stimulantes.

Ce manuel n’est pas réservé aux professeurs qui « font l’EMC » : il permet de faire le lien avec le contenu de beaucoup de disciplines dont cet enseignement est en quelque sorte le pivot. Il intéresse donc tous les professeurs – et notamment les professeurs documentalistes –, mais aussi les équipes de direction et les conseillères ou conseillers principaux d'éducation (CPE).

Enfin ce manuel n’est pas une fin en soi, mais un point d’entrée que le professeur peut enrichir à sa guise grâce à toutes les ressources disponibles par ailleurs, auxquelles chacune des « perles » proposées peut le faire penser. Il est par exemple totalement complémentaire avec le vade-mecum « La laïcité à l’école », avec le vade-mecum « Éducation au développement durable », avec les ressources proposées pour la semaine de la presse et des médias dans l’école ou pour l’éducation à la défense.

On l’aura compris, à une époque où la cohésion sociale semble menacée, où les adolescents se demandent dans quelle société ils vivront demain et quelle y sera leur place, ce manuel apporte tous les matériaux nécessaires à la construction d’une réflexion personnelle et d’une citoyenneté en action. Que ses auteurs en soient remerciés.

Daniel Auverlot

Ancien Inspecteur général de l’éducation nationale
Ancien recteur des académies de Limoges et de Créteil